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mardi 28 mars 2006 |
488. Le grand Lou et le grand large |
(récit d'une semaine de "classe de mer")
Lundi, au moment du départ, je me paye un léger stress. Perte de repères. Logique. Derniers bisous. Montée dans le car. Je m'apaise quelques peu. Le trajet se passe sans soucis. Arrivé à la mer, je refuse néanmoins de manger le moindre repas tout au long de la journée.
Mardi matin, bien qu'ayant le ventre vide, j'évacue mes peurs en commençant par une bonne indigestion. Rien de tel, moi je vous le dis : le corps une fois nettoyé, je suis fin prêt à vivre l'Aventure. Le temps de me remettre de mes émotions, je deviens gai comme un pinson, chantonnant, souriant et participant à tout ce qui m'est imposé.
Jours après jours, j'épate la galerie. Les éducateurs et professeurs n'en reviennent pas. Il faut dire que j'ai pas le temps de broyer du noir : l'emploi du temps est chargé. De nombreuses activités égrènent les journées : balades sur la digue, sur la plage, dans les dunes, en cuistax, en tram, en bateau dans l'estuaire de l'Yser à Nieuwport, ou encore la visite du Mercator à Ostende, bref, un vrai programme de ministre en visite officielle. S'il n'y avait ce vent froid et la mer glaciale, j'aurais même bien été taquiner les vagues.
L'air du grand large creusant l'appétit, je me résouds aussi à manger tout ce qui m'est proposé et m'adapte à tout. Ainsi, j'accepte d'être indifféremment nourri par quiconque de disponible. Mieux, à défaut d'autre chose, j'accepte une série de nouveautés que jusqu'alors je refusais obstinément : mange une gauffre au sucre, boire au goulot d'une bouteille...
Chaque soir, je suis ravi de retrouver ma petite couette toute douce et m'endors comme un bienheureux.
Vendredi, au moment de monter dans le bus pour rentrer à Bruxelles, un de mes potes de classe se met à pleurer parce qu'il n'a pas envie de quitter la mer. L'idée me séduit : je resterais bien aussi encore un peu et le fais savoir. S'il n'y avait la perspective de retrouver mes parents, je me mettrais bien aussi à pleurer pour faire pression !
A l'arrivée, je ne manifeste même pas d'exaltation lors des retrouvailles. Lorsque papa me donne la main pour descendre de l'autocar, la première chose que je lui dis, c'est : - Dis papa, tu veux bien enlever le sparadrap qui est sur ta main ? Ben oui, j'ai horreur des sparadraps !
Ce quatrième voyage en classes vertes fut sans conteste, une belle expérience.
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Par Bèrlebus,
à 15:03 :: Au jour, le jour
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mercredi 22 mars 2006 |
487. L’étrange phénomène. |
(Lou étant en classe de mer toute la semaine, j’en profite pour enfin pour aborder un sujet étonnant dont je n’avais pas encore parlé ! Luc)
Un jour, écoutant « M » (Mathieu Chédid), j’balance, tout excité : - C’est comique, j’ai des lignes dans les yeux ! - Pardon, Lou ? Qu’est-ce que tu dis ? - J’ai des lignes dans les yeux quand j’entends la pédale « wawa ». - Et c’est comment ? Je montre la limite supérieur de ma paupière droite. - C’est là !
C’était il y a un an environ. Depuis ce jour, régulièrement, lorsque j’entends une guitare électrique dont le son est déformé par l’effet de la pédale « wawa », je fais observer à mes vieux l’étrange phénomène qui m’excite au plus haut point. Depuis ce jour aussi, je sens mes vieux qui rament pour tenter de comprendre. A priori, je ne suis pas sensé être capable de conceptualiser ce qu’est « une ligne », étant encore bien loin de l’apprentissage de ce genre de notions à l’école. - Lou, peux-tu me décrire ce qu’est cette ligne dans les yeux ? - C’est là ! - Dans tes yeux ? Selon les jours, je leurs montre un vague zone située tantôt près de la paupière supérieure, tantôt près de l’arcade sourcilière : - Oui, là ! - Et c’est une lumière ? - C’est une ligne dans les yeux. Ben oui, « la lumière » , c’est aussi un concept abstrait pour moi. - As-tu l’impression de « voir » quelque chose avec tes yeux ? - Oui, une ligne dans les yeux. Ils m’ont bien expliqué tant et plus comment marchent leurs yeux, ce que sont les images et tout ça, mais une fois encore, cela reste du « petit chinois » pour moi. - Et est-ce agréable ? - Oui ! Ainsi, le mystère reste entier.lire la suite |
Par Bèrlebus,
à 17:04 :: Au jour, le jour
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dimanche 19 mars 2006 |
486. Tu disais ? |
Papa et moi. Dans le fauteuil. Séance de guili et autres papouilles comme je les aime. - Je ne veux plus ! Plus…Plus ! Ce cochon me chatouille, au point que je peine à prononcer ces mots, perdu dans mes rires ininterrompus. Je cherche désespérément à attraper ses mains pour les lui retirer, mais il n’arrête pas de les déplacer. Je trouve enfin son pouce droit. - Aaaaah ! Doucement… Qu’est ce qui se passe ? Le v’là qui gémit. Je m’immobilise de suite pour ne pas aggraver la situation. - Mon pouce, Chounet ! Lâche mon pouce, s’il te plaît… Aïe, aïe, aïe ! Je réalise aussitôt et le libère. - C’est pas grave, Loulou. Tu as oublié. - Tu as mal, papa ? - Oui, mais ça va aller. J’imite alors leur ton moralisateur, gentil et chantant : - Ecoute papa, ça va passer… Courage ! Tu dois juste apprendre à te contrôler*. (*voir l’article précédent : 485. « Self-contrôle ») |
Par Bèrlebus,
à 16:37 :: Au jour, le jour
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jeudi 16 mars 2006 |
485. Self-contrôle (Chronique du temps qui passe 36) |
Au retour de l’école, maman m’accueille. - Il est où, papa ? - Il joue dans le salon avec Eva. Je crise. - Je veux papa ! Il nous rejoint. - Qu’est ce qu’il se passe, mon fils ? - Je veux manger le goûter avec toi. - Tout d’abord, on ne dit pas : « je veux »… - S’il te plaît, papa, je peux manger le goûter avec toi ? - …Et ensuite, aujourd’hui, ce n’est pas possible, je m’occupe d’Eva. - Je veux pas ! - Mon bonhomme, je ne te laisse pas le choix. Tu es mon fils et Eva est ma fille. Elle a aussi besoin de son papa. Hier on a pris le goûter ensemble, et aujourd’hui tu vas le prendre avec maman pendant que je jouerai avec elle. Sa réponse ne me convient pas du tout. Je monte encore un peu plus le ton. - Bon, mon garçon, ça suffit maintenant. On n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie… C’est bon, je sais, ils n’arrêtent pas de me répéter cette phrase. Je fais diversion : - Fais « euh » ! - Non, Lou. Tu ne me parles pas sur ce ton, et puis, je ne vais pas faire « euh » si tu te comportes comme cela. Crise de chez crise. Comme d’hab. en pareille situation, je commence à le repousser. - Lou, tu arrêtes ! Il peut toujours courir !lire la suite |
Par Bèrlebus,
à 14:37 :: Au jour, le jour
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lundi 13 mars 2006 |
484. Lou la malice (27) |
Durant le repas, je balance : - Bon, Monsieur René va téléphoner à papa. Je prends le zozotement de rigueur : - véro deux, fix fent foifante, quarante fept (…) Ben oui, je connais par cœur le numéro de téléphone de la maison, c’est comme les pays : ça s’inscrit dans mon disque dur, quand bien même les chiffres restent pour moi quelque chose de bien mystérieux et abstrait ! - Bonvour, papa ! - Loulou, si c’est Monsieur René qui me téléphone, tu ne dois pas dire papa. Je suis pas le papa de Monsieur René. Ah oui, c’est vrai. Mon erreur me sourire. Je reprends : - Bonvour Mefieur Boland, papa que v’aime ! Eclat de rire autour de moi. Je sais pas pourquoi, mais c’est communicatif : mon sourire banane inonde mon visage. |
Par Bèrlebus,
à 18:56 :: Au jour, le jour
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jeudi 9 mars 2006 |
Nouvelle page d’infos |
Pour ne plus interrompre sans cesse le récit du journal de Lou sur cette page, j’ai ouvert un nouveau blog sur lequel seront placées des annonces liées à Lou, au film, au site, à des manifestations ayant trait au handicap etc.
Ainsi, vous y trouverez pour commencer toutes les dates de projections du film « Lettre à Lou » dans les jours et mois à venir, dont Liège, Lyon, Bruxelles et Metzervisse.
Sur cette page infos, vous trouverez aussi les renseignements concernant le lancement de l’ASBL « T’es qui Toi » initiée par une maman d’un enfant différent et lectrice du site de Lou.
(Cette page est provisoirement hébergée chez Skynet et figure dans le menu horizontal de ce blog. Par ailleurs, la page "lisez-moi" se dénomme maintenant "Introduction"
Accéder à La page INFOS |
Par Bèrlebus,
à 17:09 :: Au jour, le jour
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mercredi 8 mars 2006 |
483. Le trousseau malicieux |
Depuis mon retour de vacances, je pète la forme à l’école. L’approche des classes de mer (dans deux semaines), ne me perturbe pas trop. Au contraire, on en a profité pour faire un jeu des erreurs : le trousseau malicieux. J’ai ainsi dû dactylographier en classe, des mots de choses qu’on mettra dans ma valise, ou qu’il est impossible d’y faire rentrer. Comme par hasard, j’ai excellé dans la recherche de ce qu’on ne peut pas mettre dans un bagage. J’aurais même voulu rajouter la cour de récréation dans la liste, mais bon, plus le temps et plus la place !
A la maison, hier avec maman, aujourd’hui avec papa, on joue en lisant et relisant les mots dans le désordre. C’est mon devoir, quoi ! Aussi ch… et compliqué que soit pour moi la lecture du braille, j’aime trop m’esclaffer à chaque fois en disant : - Maaais, non ! On ne met pas une porte dans une valise !
Pourtant, je vous jure, c’est difficile de rester concentré sur ce que lit mon petit doigt, de ne pas me distraire par ce que fait mon autre main, par les sons de la maison, ou tout simplement de ne pas décrocher vers mon imaginaire. - Loulou, tu dis n’importe quoi ! Un… et puis ? Heureusement qu’il y a le côté ludique.
Les mots écrits en brailles sur le papier (scanné) sont : Le pull, une école, un slip, un vélo, un pantalon, les bottes, une porte, des chaussettes, le cartable.
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Par Bèrlebus,
à 19:13 :: Au jour, le jour
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lundi 6 mars 2006 |
482. Le désert blanc |
La neige ? Ça n’a jamais été fort mon truc, …jusqu’à cette semaine dans la maison des Ardennes. Quatre jours programmés qui finalement en ont été six, tellement Eva, sa copine et moi, nous éclations !
J’ai bien été un peu déçu, à mon arrivée, parce que le radiateur de ma chambre ne faisait pas son concert habituel. Et puis, il faisait pas très chaud dans la maison. Papa m’a garanti que cela allait s’arranger et le chauffagiste est venu après deux jours. Une histoire de circulateur, paraît-il, un truc du chauffage, quoi ! Ça m’a permis au moins de rajouter un métier à ma collection .
Heureusement aussi, car dehors, c’était la Sibérie. Un jour sur deux, il tombait dix à vingt centimètres de neige. Fini le gravier devant la maison qui me permet de délimiter un périmètre de sécurité. En lieu et place de cela : un épais tapis mou qui crisse sous mes pas. Mais l’envie de jouer à partir loin, très loin, était le plus fort. Quelle différence avec le marché où tous les dimanches, je m’amuse à partir ainsi loin de papa en me moquant pas mal de buter sur la foule. Ici, c’était le grand vide, le grand espace que délimitaient mes vieux et une route. Qu’importe qu’il neige à gros flocons ou qu’il fasse beau : j’étais un aventurier !lire la suite |
Par Bèrlebus,
à 19:17 :: Au jour, le jour
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