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Lettres à Lou |
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Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
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jeudi 16 avril 2009 |
66. Jetlag experiment (versus papa) |
Mon P’tit gars,
Que te dire de plus que je n’ai déjà écrit, en me mettant à ta place ? Que je ne cesserai de répéter qu’il n’y a aucun hit parade ni à l’épreuve, ni à la souffrance. Qu’il existe néanmoins quantité d’épreuves de la vie bien plus éprouvantes que cette étrange tour d’horloge inversé vécu ensemble durant dix jours. Que ce fut une sacrée aventure dont l’un et l’autre, nous sortons grandit. Que ce fut dur. Très dur parfois, mais que la volonté de le vivre avec humour et folie nous a aidé à traverser ces jours sans fin. Que ton courage, que ta confiance en ce programme éprouvant dont tu ne pouvais mesurer ni l’impact ni l’objectif, m’a bleuffé.
Je redoutais de ne pouvoir tenir le coup. Nerveusement. Comment garder son calme face au refus lorsque le déficit de sommeil enquilose ? Comment réagir lorsqu’avec ta fatigue, les tocs réenvahissait ton quotidien ? Comment retenir son découragement lorsque manger un yaourt sans le renverser te devient soudain mission impossible ? Du deuxième ou cinquième “jour”, je n’ai dormi que onze heures en quatre “nuit”, mon sommeil se refusant au jour. Durant ces nuits interminables où il fallait rester éveillé, il y avait heureusement ces premières heures où tu tenais la forme et t’occupais sur ton synthétiseur. J’en profitais pour travailler aux chantiers de la Fondation sur mon ordinateur, mais surtout je m’occupais pour ne pas m’assoupir. Et si ta “carotte” pour tenir bon était la visite du cochon à la ferme voisine avant d’aller dormir, la mienne était de tenir le récit de ces dix jours singuliers. Ma récompense un fois le travail accompli. Le plaisir de mettre des mots, d’en rire, car à quoi bon pleurer.
Je me souviendrai longtemps encore de ces heures interminables où mes paupières lourdes ployaient. Je les rouvrais de force, conscient de mon devoir de te tenir éveillé, pendant qu’à ma vue, le paysage basculait, tournoyait.
Tu m’as fait grandir, mon bonhomme. Je ne pensais pas en être capable. C’était mon défi à moi. Rester calme en tout instant, pour ne pas en rajouter à ta fragilité émotionnelle, toi qui perçoit la moindre tension nerveuse. On ne triche pas avec toi. Je n’avais donc pas le choix. Une initiation dense qui rend plus fort... et fier. Elle me rappelle étrangement ce kata en apnée sous une violente cascade, haute d’une trentaine de mètres. Un souvenir inoubliable, d’il y a une douzaine d’années.
Merci mon bonhomme. Et bravo à toi.
Il nous reste juste à espérer que maintenant, ton sommeil se régularisera dans un créneau qui te permettra de vivre plus en forme et du même coup, plus en phase avec nous, avec le monde qui t’entoure. Mais cela, seul le temps nous le dira. En attendant, mélatonine tous les soirs à dix-neuf heures trente pour un bon moment. Le temps de stabiliser et d’ensuite oser prudemment voir si ton corps s’y calquera par lui-même. |
Par Luc Boland,
à 21:03 :: Lettres à Lou
:: #82
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