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Lettres à Lou |
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Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
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jeudi 23 mars 2006 |
48. Monsieur 100% |
Mon petit Lou, Mon « Monsieur 100% »,
Discutant à ton propos avec quelqu’un - qui se reconnaîtra -, je me suis fait la réflexion suivante : tu es un être humain d'une affectuosité sans limites, vivant et enchaînant les sentiments et les émotions comme un poisson qui, bouche ouverte, se laisse porter par le courant où flotte le plancton. Tu es en permanence à l'affût de l'humour, de la joie ou de la tendresse. Tu vis chaque instant, chaque situation rencontrée à 100%. Ainsi, en va-t-il de même pour les sentiments de peur, de tristesse ou de colère.
De la raison de ta grande difficulté à être rationnel. Sans doute est-ce dû à l’absence de septum, cette membrane qui sépare les deux hémisphères du cerveau et que l’on pense être le nœud de communication entre le rationnel (hémisphère gauche) et l’affectif (hémisphère droit).
Petit à petit, des connexions se forment néanmoins dans ton cerveau, qui te permettent de contrôler tes émotions. Nul ne peut expliquer ces chemins de substitution. La science est bien incapable de prédire ton évolution intellectuelle, mais force est de constater que ton esprit se structure, que le rationnel et l’affectif commencent à se tisser des liens.
Tu es le petit être le plus sincère qu'il m'ait jamais été donné de rencontrer.
De ta raison de ta fragilité. Du besoin aussi de te protéger. De t’apprendre à gérer les émotions.
(Article rédigé en miroir du journal de Lou : 485. Self-contrôle.) |
Par Luc Boland,
à 15:18 :: Lettres à Lou
:: #64
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vendredi 10 mars 2006 |
47. Orphelin |
Mon petit bonhomme,
Nous nous posons tant et tant de questions à ton sujet. Face à elles, nous sommes bien seuls à la recherche de réponses.
C'est pour cela que le handicap de ton corps porte le sinistre nom de "maladie orpheline".
De fait, nous sommes orphelins. Il n'y a personne, pas de chercheurs, ni de spécialistes, qui prendrait le temps de se pencher avec nous sur ta petite personne, pour nous aider à comprendre les frontières obscures de ton esprit. Ton cas est trop rare et donc de peu d'intérêt collectif ou commercial.
Pourtant, il y a tant de questions. Comment réagir face à ta difficulté de te concentrer plus de deux minutes, hormis de rares exceptions comme lorsque tu joues au piano ? Faut-il s'y opposer ? S’obstiner ? Composer avec elle ? Comment réagir lorsque souvent, tu sembles ne pas nous écouter pendant que nous tentons de t'expliquer quelque chose ? En ces moments-là, comprends-tu seulement le sens de nos mots ? Parviens-tu à les aligner et former un raisonnement ? Pourquoi, à d'autres moments, tu nous prouves le contraire en reformulant notre propos ? Comment se fait-il que le concept du temps soit si complexe à ton esprit ? Et j’en passe...
Comment répondre à ces questions quand la science, elle-même, ne peut expliquer la fonction de cette membrane qui te manque dans le cerveau.
Et pourtant, l'enjeu est ni plus, ni moins que ton futur, ton bonheur. Il m'importe finalement peu que tu sois et restes différent, en ce compris dans ton esprit.
Le problème, c'est que ta confusion, tes absences, tes obsessions ou tes peurs, te pourrissent la vie et risquent bien de te rendre malheureux dans le futur, comme cela t’arrive occasionnellement aujourd’hui.
Il en va de même avec ton petit caractère tyrannique contre lequel nous luttons pour ne pas céder de terrain. - Je veux de l'eau ! - Je veux être demain. - Je veux, je veux... Et cent fois, et mille fois de s'opposer calmement à tes ordres, de te répéter que tu n'es pas seul au monde, qu'il faut composer sa vie avec les autres, qu'on ne peut pas faire revenir le temps en arrière etc.
Nous ne cherchons pas à te normaliser, te formater à ce monde. Nous essayons juste de te donner les armes pour vivre heureux. Et dans cette démarche, en dehors des examens de contrôle médicaux et de l’encadrement scolaire, nous sommes bien seuls… mais heureusement à deux et déterminés ! |
Par Luc Boland,
à 12:24 :: Lettres à Lou
:: #63
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