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Lettres à Lou |
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Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
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jeudi 22 décembre 2005 |
45. Le Réfléchisseur |
...puisqu'ainsi, tu me nommes.
Avec toi, il faut effectivement sans cesse réfléchir, choisir habilement les mots que tu seras à même de conceptualiser. Il faut aussi mesurer en permanence si telle ou telle décision te sera bénéfique ou non.
A ce propos, je me demande si c'est le bon moment de t'emmener voir la cloche de Tristan. Je ne voudrais pas davantage t'inquiéter. Ta lente prise de conscience de la vie génère actuellement une grande insécurité. Le concept de la vie et de la mort est un sujet que nous avons pourtant abordé sans tabou avec toi depuis tes trois ou quatre ans. Mais si cela restait abstrait jusqu'à présent, cela prend une toute autre dimension aujourd'hui. Lentement, mais sûrement, tu prends Conscience. Or la vie est vertigineuse.
On s'en rend compte à chacune des questions que tu nous poses. Comme la dernière en date : "C'est quoi une fusée ?", Allez expliquer cela à un petit garçon aveugle qui a déjà tant de mal à comprendre l'ailleurs ! Pour expliquer une fusée, il faut expliquer d'abord la terre, l'espace, l'attraction terrestre (merci, les aimants comme outil pédagogique !), le moteur, le feu, l'énergie qui pousse, les distances... Rien d'étonnant alors de m'entendre émailler mes propos de "euh" !
Oui, la vie est vertigineuse. Et la certitude de la mort aussi.
En ce moment, il ne se passe pas un jour sans que tu abordes le sujet de Tristan. C'est à chaque fois la réplique exacte de la scène que j'ai décrite à propos de tes questions sur Tristan et la mort. Comme si tu poussais sur le bouton "Play", pour revivre la même situation, reposant à chaque fois les mêmes questions, tel un schéma. C'est indéniablement rassurant. Et puis se cache aussi dans tes questions l'espoir de m'entendre faire "eeeuh" à ton quinzième "Et pourqwaaaa ?". Et d'y mettre une fin lorsque je repère la supercherie. Et d'avoir eu l'impression d'avoir parlé dans le vide lorsque je constate que tu es incapable de répéter ce que je viens de te démontrer. Heureusement, il arrive parfois qu'au détour d'une conversation, nous découvrions avec surprise que telle ou telle explication maintes fois répétées est comprise, acquise.
Pour en revenir à la cloche de Tristan, la question reste entière. : y aller ou pas ? Car d'un autre côté, il ne sert à rien de nier ou cacher le sujet. Il n'y a rien de pire que les non-dits. Et comme le disait ta maman en riant : cela ne changera rien, puisque de toute façon, tu abordes le sujet quotidiennement.
Nous irons donc sans doute faire tinter la cloche de Tristan !
Ainsi doit raisonner le "réfléchisseur" avec toi. (A suivre donc) |
Par Luc Boland,
à 15:54 :: Lettres à Lou
:: #61
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jeudi 8 décembre 2005 |
44. Sans relâche (de l'autre côté du miroir) |
(voir post 461. "Sans relâche"
du journal de Lou)
Sans relâche... jusqu'à mon dernier souffle, je chercherai les clés qui nous permettront de communiquer l'un avec l'autre. Pour que tu puisses à ton tour communiquer, rencontrer. C'est la chose la plus intéressante à vivre dans la vie.
Conscient des limites qui sont les tiennes aujourd'hui, je me répète, jours après jours. Car je sais qu'au hasard d'un instant, de manière imprévisible, un message passera, qui te fera grandir.
Cent fois, mille fois répéter. A chaque instant, être attentif. Epuisant. Et de parfois jeter le gant. Pour reprendre des forces et remonter à l'assaut de ta forteresse.
Le plus étrange à priori dans tout cela, c'est qu'au plus je te bouscule et au plus j'ébranle tes fondations par des refus clairs et des exigences qui ne soufrent d'aucun doute, au plus tu réclames ma présence à tes côtés. Mais ce n'est que logique. Tu es un enfant comme un autre et tu as besoin d'un guide.
Ainsi, ta fascination pour ton "papa ludique" est devenue une attirance pour ton "emmerdeur de papa" qui ne veut plus faire tes moindres caprices.
Je t'aime, enclume ! |
Par Luc Boland,
à 18:45 :: Lettres à Lou
:: #60
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