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Lettres à Lou |
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Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
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lundi 28 août 2006 |
51. Le grand chantier |
Note en écho à l’article du journal de Lou : 518. Un grand chantier (parmi d’autres).
Mon Chounet,
Cela fait un mois maintenant que nous abordons avec toi de manière récurrente la question de tes « petits gestes répétitifs », afin d’essayer de progressivement les éliminer, ou tout le moins en diminuer la fréquence.
Si nous nous attaquons aujourd’hui à ce vaste « chantier », ce n’est pas pour t’ôter cette différence qu’à ton contact, les gens perçoivent ou observent de manière intriguée. Nous n’essayons pas de te normaliser et avons nulle honte ou gène par rapport à cela, quand bien même nous te le justifions en te disant que « ce n’est pas joli » ou que les gens trouvent cela « bizarre ». Te le présenter de la sorte est une manière pour nous de te faire prendre conscience d’une réalité visuelle que tu ne peux pas percevoir, de te dire tout simplement une vérité que tu sembles capable de comprendre aujourd’hui, et qui ne t’affecte nullement car tu te moques totalement du regard des autres.
La vraie raison de notre motivation se situe dans le pourquoi, dans ce qui te poussent à ainsi t’agiter. Ces gestes sont apparus dès tes premiers mois de vie et se sont structurés au fil des ans. Les psychologues appellent cela des « gestes de réassurance », c’est à dire un besoin irrépressible d’occuper le temps, une manifestation de peurs : la peur de ne pas sentir son corps à défaut de pouvoir le voir, la peur du néant, de l’absence, … de la vie, tout simplement. Si au début, telles en étaient les raisons, force est de constater qu’au fil des ans, ils sont devenus un « marotte », un réflexe qui ne caractérise plus un moment précis de peur, d’angoisse, de mal être. Apprendre à les contrôler, à t’en passer à certains moments, revient donc à éliminer une systématique dont tu n’as plus nécessairement besoin tout le temps et qui entretient une absence de contact avec la réalité de la vie. Et puis, ces gestes sont trop souvent des parasites qui nuisent à ton développement et qui ne sont pas sans conséquences : que ce soit durant tes repas, où nombre de fois ils te font renverser ta fourchette, ton verre d’eau, ou éparpiller les morceaux de tartine qui se trouvent dans ton assiette, ou que ce soit dans ton apprentissage de la lecture du braille durant laquelle, à chaque fois que tes mains s’évadent pour s’agiter, tu perds le fil de ta lecture. Enfin, force est de constater aussi que lorsque tu as une activité structurée où tes mains sont « occupées », comme par exemple quand tu joues sur ton synthétiseur, tu peux rester une demie heure sans en faire.
S’attaquer à tes « petits gestes » nous semble donc être un clé aujourd’hui pour te faire progresser. Nous savons par avance que ce n’est pas un combat gagné, loin s’en faut, mais l’éveil que tu manifestes de plus en plus, nous fait croire que le moment est venu pour s’y attaquer. Et nous verrons bien où cela nous mène, quitte a relâcher la pression, remettre cela à plus tard, comme ce fut déjà le cas vers tes quatre ou cinq ans. |
Par Luc Boland,
à 13:23 :: Lettres à Lou
:: #67
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