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Lettres à Lou |
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Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
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mercredi 7 juin 2006 |
50. Digérer les peurs |
Mon petit bonhomme, Ma pelote d’émotions brutes,
Ainsi, cette peur panique, cette menace de te ramener en maternelles s’est traduite par une indigestion et deux jours de fièvres. Ce n’est pas la première fois que tu évacues ainsi tes peurs. Une manière comme une autre finalement. Sans grande conséquence.
Depuis lors, la peur de « retourner chez Marie-Anne » s’est atténuée et muée en boutade. - Hein, oui, papa, que c’était une blague ! Avec toi, on ne peut pas badiner avec la vérité, à moins de prendre un ton clairement farceur, ce que je me permets souvent avec toi et que tu apprécies. Une telle réplique, dans la bouche d’une stagiaire que tu ne connaissais pas bien –et versa-, a été prise au premier degré. Simple logique. Et ont ressurgi les mauvais souvenirs de ton passé. Cette table Petho qui t’a tant effrayée.
Ce souvenir, comme de nombreux autres que tu commences à exhumer, montre que ton passé - et en cela ta mémoire - se construit petit à petit. C’est une avancée merveilleuse, fruit du temps et des efforts de tous ceux qui t’encadrent.
Mais le passé est fait de bons et de moins bons souvenirs. Ainsi va la vie. Les nier et les refouler ne sert à rien. C’est perdre les repères de nos souffrances et par conséquent, devenir incapable de comprendre le mal-être. Il ne peut alors que subsister.
A ce jour, nous ne pouvons te parler en ces mots bien trop compliqués. Nous ne pouvons que tenter de comprendre, une à une, ces peurs, qui sont l’expression de souffrances passées. La logique de celles-ci ne s’inscrit pas nécessairement dans la nôtre. De nos incessantes tentatives de te faire exprimer, parler, dire ces choses « qui ne vont pas ». Mais il y a cette confusion qui brouille les cartes et rend les mots si difficiles pour exprimer ce que tu as ressenti ou vécu. En cela, ton travail de mémoire est une avancée précieuse, qui nous a aidé à décoder les raisons de cette peur obsédante.
Et de rester simple, le plus simple possible avec les mots que nous utilisons avec toi. D’associer une à une des logiques perceptibles et acquises pour t’amener à raisonner. Durant ces discussions, lorsque l’on arrive au bout d’une démonstration pour te faire comprendre comment agir ou réagir, tu nous poses souvent ta question récurrente : « Et Pourquoi ? ». Et de te répondre inlassablement la même chose: « Pour être heureux ». Auquel se rajoute souvent : - Est-ce que tu aimes bien être malheureux, triste ou fâché, Lou ? Ce à quoi, tu nous réponds invariablement : - Non, hein ? … sans que nous sachions si le message est bien passé.
Le chemin sera encore long, dont on ne connaît les limites.
Je t’aime.
P.S. : Et en route pour 50 autres nouvelles aventures imprévisibles avec toi.
Cette lettre fait écho à deux articles du Journal de Lou : « 503. Au premier degré » et « 504 . La dolce vita » |
Par Luc Boland,
à 09:43 :: Lettres à Lou
:: #66
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