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Lettres à Lou |
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Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
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dimanche 27 juin 2004 |
27. Thérapie |
Mon petit Lou.
Je l'ai déjà dit, mais me répète : ces mots que j'aligne et qui témoignent de cette folle expérience avec toi, je les écris pour toi, même s'il est possible que tu n'en comprennes peut-être jamais le sens.
Je le reconnais, ils sont aussi un exutoire, un besoin de partager, de mettre des mots aux sentiments qui m'habitent. Joies et souffrances. Espoirs et découragements.
Mais ces mots sont avant tout pour moi un témoignage que j'espère pouvoir offrir au genre humain. En ton nom. Au nom de tous les parents confrontés à la différence de leur enfant et au handicap. Au nom du droit à la différence. Au nom du devoir d'une communauté humaine d'être plus solidaire et d'aider les plus faibles. Qui qu'ils soient.
Je me sais ramer à contre-courant d'un torrent plus fort que moi. Paradoxe de l'individualisme effréné qui, cumulé, emporte tout sur son passage. Mais me laisser submerger par celui-ci reviendrait à renoncer d'écouter ma petite voix intérieure, renoncer de faire tout mon possible pour une vie meilleure. Parce que c'est ici et maintenant qu'il faut changer les choses. Parce que ma vie est ici et maintenant. Il m'est impossible de vivre autrement. J'aurais l'impression de mourir.
De la même manière qu'en l'absence de vision tu as besoin d'agiter ton petit corps pour rassembler tes morceaux, savoir que tu existes, un et entier, j'ai besoin de pouvoir me regarder dans le miroir, de me reconnaître et d'être fier d'être à l'image de ce que je suis au fond de moi.
J'ai un ami. Il s'appelle Don Quichotte. Un jour, j'espère, je te raconterai son histoire.
J'ai des amis qui lisent ces mots que je t'écris. Et c'est à eux aussi que je m'adresse.
Nous avons tous besoin les uns des autres.
Y croire. Encore et toujours. |
Par Luc Boland,
à 18:57 :: Lettres à Lou
:: #42
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jeudi 24 juin 2004 |
26. Le blues du combattant |
(en écho au post 257 du blog de Lou)
Mon petit Lou.
Je ne mentirai pas. Je ne cacherai pas la peine qui m'habite parfois. Tu n'y es pour rien. Je sais que ton esprit est sauvage, rebelle. Parfois même contre ton gré. Mais je ne peux pas pour autant te laisser faire. Et c'est dur.
Hier, je me suis battu avec toi. Et avant-hier aussi. Et le jour d'avant encore.
Avec une infinie difficulté, tu as réussi à me dire ces deux phrases que je t'ai forcé à acquérir : "Pardon maman de t'avoir pincé" et "Merci maman de m'avoir enlevé le bout de tartine collé dans ma bouche.". ...Même si je sais que ces phrases seront peut-être oubliées cinq minutes après. Parce que le prix de ton progrès se marque en ces moments. Parce qu'il arrive que tu places une phrase juste et structurée à bon escient. Parce que donc tu en est capable. Parce que ton esprit vagabond, ce n'est pas toi.
Le rire du "Petit Chien Courage" que tu imites n'amuse que ton instant présent. Ce n'est pas vraiment toi. Par contre ce rire franc lorsque je te chatouille ou ce sourire "banane", comme je l'appelle, sont bien les rires du petit bonhomme face à moi, fait de chair et d'esprit, à sa mesure. Car lors de ces moments de fierté ou de plaisir que tu ressens, je te sais en communication.
Je répète : tu n'es en rien responsable de ton esprit vagabond. Et c'est pour cela qu'à chaque combat, ta tristesse devient mienne. Mais il me faut tenir, ne pas lâcher prise. Car cette souffrance morale n'est que l'instant présent. Elle est le prix à payer pour tenter l'impossible : t'amener le plus loin possible vers la raison.
Si après ces conflits il n'y avait ton esprit apaisé et ta voix douce et chantante qui conclut à chaque fois dans le positif, je pense que je m'effondrerais. Tes "Mais oui, tu ne dois pas avoir peur...", "Je t'aime, mon papa", "Je dois pas faire le bébé Cadum" ou "C'est bien de ne pas mordre et pincer" sont autant d'espoirs et d'encouragements. Un message passe, qui se glisse dans les interstices de ce barrage dressé dans ta petite tête blonde. Comme autant d'infiltrations qui à la longue, je l'espère, fragiliseront et mineront cet obstacle à la communication.
Oui c'est dur, mais ce n'est que l'instant présent. Pour un futur meilleur.
Hier, après ma longue leçon de morale et ton refus de demander pardon, je me suis absenté dix minutes. Pour pleurer. Pour vider mes émotions. Pour rester humain.
Puis je suis revenu à la charge, plus résolu que jamais. Et nous y sommes arrivés.
Je ne romprai donc pas le combat que je mène contre une part de toi-même. Pour que tu puisses peut-être un jour avoir le choix d'être celui que tu voudras être. Mais pour cela, nous devrons encore nous battre pour ouvrir grand ton esprit. Le plus possible.
Faites que je puisse trouver le courage nécessaire. |
Par Luc Boland,
à 18:56 :: Lettres à Lou
:: #41
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jeudi 3 juin 2004 |
25. L'amour peut tout |
Mon Petit Prince,
J'en aurai mis du temps pour écrire cette vingt-cinquième lettre... Trois mois. Trois mois de silence... Tantôt forcé par le travail, tantôt par peur d'écrire, de parler trop vite.
Il y a tant de choses à raconter. Ton évolution actuelle est fulgurante, inouïe. Enthousiasmante. Le doute n'est plus permis. Si, jusqu'il y a peu, tu passais la majeure partie de ton temps sur ta planète, et étais si peu en communication avec les autres et notre monde qui t'entoure, aujourd'hui la tendance s'est inversée.
Pourquoi ? Comment ? Je n'en ai pas la réponse. Juste des pistes et un constat : l'amour peut tout. Il suffit de voir ton visage s'illuminer de fierté et de bonheur lorsque la communication passe entre nous, lorsque nous te félicitons, t'encourageons. C'est l'expression du bonheur à l'état pur puisque tu ne peux imiter les autres que tu ne vois pas.
Nous sommes en train de gagner ta confiance. Tu oses, entreprends, réfléchis. Tu as découvert la petite voix qui vit en chacun d'entre nous : ta conscience. Conscience que tu vis. Conscience que les autres vivent. Puisse cette spirale positive se poursuivre. Ce serait mentir si je n'avouais pas mon appréhension pour le futur car ton parcours a toujours été marqué par des phases de régressions. Mais l'espoir m'habite plus qu'hier. Tu es une leçon de vie et je t'en remercie.
Je t'aime et tu verras, nous allons soulever des montagnes ! |
Par Luc Boland,
à 18:56 :: Lettres à Lou
:: #40
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