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Lettres à Lou |
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Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
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mardi 21 septembre 2004 |
29. Notre lot à tous, parents |
Mon Petit Prince,
Ce que nous vivons avec toi, n'est finalement que le lot de tout parent qui tente d'élever son enfant. La seule différence de taille en ce qui te concerne aujourd'hui, réside dans le fait que tu ne comprennes pas ce qu'est la Vie. Sa complexité est telle qu'elle t'effraye, ou tout le moins, ne te donne guère l'envie de la découvrir.
S'il n'y avait la joie de vivre et l'équilibre de tes deux soeurs pour me rassurer sur nos facultés d'élever un enfant, je nous croirais totalement incapables et incompétents face à toi. Nous commettons sûrement des erreurs, comme tout parents, mais c'est si difficile de savoir où placer les limites et jusqu'où te bousculer dans ta complaisance. Comme toi, nous "testons". Et il est vrai que depuis trois mois, au vu des progrès qui en découlent et qui semblent nous donner raison, on ne cesse de viser toujours plus haut. Mais voilà... C'est sans compter sur les tempêtes imprévisibles qui t'agitent intérieurement et que nous ne parvenons pas à prévenir.
Communiquer avec toi, revient à se lancer comme des funambules sur un fil que tantôt tu nous tends, tantôt nous tissons patiemment. Mais soudain, le vent se lève sans aucune raison apparente. Nous nous retrouvons au dessus du vide, déséquilibrés, hésitant à poursuivre ou faire marche arrière... pour autant que le fil ne se rompe pas sous tes assauts. Combien de fois, ne nous retrouvons nous pas à terre. Retour au départ.
Et puis, à contrario, il y a occasionnellement ces divines surprises, où c'est toi-même qui te lance à l'aventure. Sans crier gare (et une fois encore, sans raison apparente), tu jettes une corde et t'aventures dessus, franchissant un obstacle jusqu'alors insurmontable.
En regard à cela, il est difficile de porter un jugement sur ton comportement. N'en fais-tu qu'à ta tête, nous tournant en bourriques comme tu le fais parfois de manière évidente, ou bien est-ce incontrôlé, parce que, précisément, ta conscience ne parvient pas à se structurer ? A ces questions, nulle réponse, même s'il y a un peu de l'un et de l'autre à la fois.
Finalement, si tu es handicapé par l'absence de la vision et par tout autre désordre dans ta petite tête blonde, nous le sommes tout autant en l'absence de tout repère. A ce propos, je t'expliquais l'autre jour en actionnant l'interrupteur de la lumière, que nous, les voyants, étions handicapés dans le noir. Sans ce ptit "clic" magique que tu nous entends faire, nous sommes bien plus perdu que toi.
Comme quoi, la norme... |
Par Luc Boland,
à 19:00 :: Lettres à Lou
:: #44
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