Deux heures du mat. Chui dans mon petit lit pliant dans ma chambre préférée de la maison de campagne des Ardennes lorsque je me réveille, paniqué. Maman accourt, suivie de papa. J'pleure, j'ai peur : mon pied droit est endormi, je ne le sens plus. J'ai horreur de ça, car à l'inverse de vous, quand je ne sens plus un de mes membres, je n'ai pas la vue pour me rappeler qu'il est toujours là (au toucher, on a l'impression que c'est un corps étranger). J'demande des caresses à ma jambe. Papa et maman me câlinent tant et plus et me rassurent en frottant ma jambe. - Tout va bien... Ça va passer, tu sais... J'répète, comme pour me persuader moi-même, imitant le ton apaisant qu'ils utilisent : "Tout va bien, tsé... Tu ne dois pas voir peur... Ça va passer... Ce n'est rien... Hein, Petit Chien Courage ?" ...Et ma jambe se réveille petit à petit... Et moi itou ! Trop content que ce soit fini et le moral au beau fixe, j'commence à causer dans le lit pendant que Maman me câline encore. Moi : "Il est où Monsieur ?" Toujours moi, mais en prenant un ton grave : "Je suis là, Petit Chien Courage !" Le Petit Chien Courage (et sa voix fluette) : "Ça va, Monsieur ?" Monsieur (et sa voix grave) : "Ça va, ça va..."
Au bout d'un moment, maman interrompt alors mon jeu de rôle : "Dis Monsieur, il faudrait dire au Petit Chien Courage qu'il faut faire dodo maintenant." Monsieur (hésitant) : "... Euh..." Maman : "Tu as entendu, Monsieur ? Tu dois dire au Petit Chien Courage qu'il faut dormir." Monsieur (toujours avec sa voix grave – presque à lui-même) : "Mais, j'ai pas envie de dire ça, moi !" J'entends alors maman éclater de rire... Moi (avec un petit sourire en coin): "Qu'est ce qu'il y a, maman ?" Papa qui nous avait laissé pour aller se recoucher, revient en entendant maman continuer de rire. Lui aussi demande ce qui se passe. Maman lui explique. A son tour, il se met à rire. Ecoutant le récit de maman, j'vous dis pas comme chui fier de mon humour : sourire banane au balcon !
In fine, ils me font encore quelques câlins puis me bordent dans le lit où je me rendors sur le champs. La vie est belle...
|