 (suite) Tout ca pour vous dire qu'hier, on a été, papa et moi, voir le neuropédiatre. (Pour une fois, c'était pas maman qui était de service). C'est un monsieur que je vois tous les six mois pour évaluer mon développement psychomoteur et neurologique. Dès que papa est venu me chercher à l'école et qu'il m'a averti où nous allions, j'ai tout de suite demandé des garanties : "pas de petites piqûres !" (j'confonds pas la "petite piqûre" quotidienne du soir pour mes hormones -qui se passe sans problème-, avec les "piqûres" de l'hôpital). Papa me rassure : on va bien à l'hôpital, mais il n'y aura pas de piqûre. Je reste donc cool.
Après une heure de trajet (il faut traverser toute la ville), on arrive à l'hosto.
Dans le hall d'admission, c'est plein de bruits, d'enfants qui crient et qui pleurent aussi. Ça, j'aime pas ! Faut me rassurer et m'expliquer, sinon... Ensuite c'est la ballade en poussette dans un dédale de couloirs. Enfin c'est l'attente, pas longue pour une fois, avant de retrouver le docteur.
En pleine forme, j'lui fais d'entrée de jeu la démonstration de "comme je saute bien" : je bondis, sans appuis et parviens à vaincre Newton de quelques centimètres. Le docteur apprécie. J'lui fais aussi le show de "poussette reste là !" dans le couloir, pour lui montrer comme je marche bien maintenant. Il est très content de moi. Alors je lui sors mon grand verbiage habituel (Marie-Anne, le petit chien courage, les gros mots, "piapaille mince!" etc...), ponctué de mes petits gestes répétitifs, de battements de jambes et autres mouvements que l'on appelle des gestes de "réassurance".
Papa connaît ça, mais pour vous, j'vous ré-explique ce que veut dire des gestes de "réassurance": comme je ne me vois pas, je n'ai que le toucher ou la sensation de mouvement de mes membres pour me rappeler l'existence de tout ou partie de mon corps. Même le doigt en bouche (cfr. l'article 116), est un besoin de sentir cette partie là de mon corps comme étant bien là. Le problème, c'est que j'peux pas faire trente six mille choses en même temps. J'peux pas m'occuper de "rassembler mes morceaux" en même temps que je communique. C'est un des noeuds du problème avec moi.
Mais le docteur, il est confiant. Il parle longuement avec papa, pendant que j'écoute. Ca rentre dans mon oreille et ce sera bientôt aussitôt ressorti. De la raison de vous le livrer brut, parce que pour moi, c'est du charabia. Comprenne qui pourra et j'espère ne pas trop travestir leurs propos. (...à suivre)
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