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mercredi 7 novembre 2007 |
602. Le frissonneur |
Depuis que papa m’a fait découvrir les frissons, il y a deux mois, nous nous en payons des tranches quotidiennement. A tour de rôle, nous plaçons les mains dans le cou de l’autre. Doigts écartés, nous remontons alors lentement la nuque, puis le crâne à « rebrousse-cheveux », pour finir sur les tempes. L’effet est garanti et j’adore qu’on me le fasse. Au moment des frissons, je me mets à rire et rentrer ma tête entre les épaules, tout en présentant bien mon crâne pour que l’aventure se poursuive. Mais j’adore aussi le faire à papa, parce qu’à chaque fois, il s’agite, gémit, se plaint, dit des « au secours », « nooon », « stooop ! » qui me kiffent et que je ponctue d’un : - Mais qu’est-ce qu’il y a papa ? La réponse toute formatée étant : - Mais tu me fais des frissons coquins ! Papa n’aime pas avoir froid, mais moi, j’adore ça, comme recevoir de l’eau très froide au moment de rincer mes cheveux après qu’ils aient été lavés. Je beugle alors : - Plus froid, maman ! Plus froid ! Encore plus froid ! Jusqu’à ce que le robinet soit orienté totalement sur le froid, sans plus une goutte d’eau chaude. Conclusion : j’adore les frissons. Mais que l’on ne s’y méprenne pas, ces séances avec papa n’annulent en aucun cas celles des « bonnes petites doudouces ». C’est juste un plaisir tactile supplémentaire à rajouter au catalogue de mes relations sensuelles à la vie. Voilà pour ce qui est du contexte afin de comprendre la chute de ce récit. Cet après-midi, alors que je joues au pied du fauteuil avec la petite cuillère du Furby, je la laisse une fois de plus tomber. Cette petite cuillère en plastic est devenue un de mes jouets favoris que je m’amuse à mettre en bouche, que je transforme en guimbarde sur ma joue ou en baguette à percussion sur mes jambes ou toute autre partie du corps. Une manière bien à moi d’occuper le temps. Cette cuillère est même devenue associé au « salon », au point que dès mon retour de l’école, avant d’aller me vautrer dans le canapé, je repère le baffle à l’entrée de la pièce et y saisit immédiatement l’objet que je sais rangé à cette place. Idem au moment d’aller à table pour un repas où, lorsque je l’ai en main, je m’en vais la ranger moi-même sur le haut-parleur sans qu’on doive me dire de le faire. Ne retrouvant pas l’endroit où elle est tombée, je demande de l’aide à papa. Il faut dire qu’elle est tombée sous la table basse du salon. Le père entre alors dans une longue explication : - C’est pas facile, hein, mon Loulou ? C’est beaucoup plus facile pour moi, avec mes yeux, de voir où elle est tombée. C’est pour cela que tu es un grand garçon courageux et que les choses sont plus difficiles pour toi sans la vue. J’écoute sa belle voix chaude de Bèrlebus et lui répond par cette phrase maintes fois entendues de leur bouche : - Et c’est pour ça que je dois apprendre ! - C’est exact, mon garçon ! Pour devenir grand et réussir à faire plein de choses par toi-même, sans devoir tout le temps avoir besoin de l’aide de quelqu’un. Il continue de me parler et, je ne sais plus comment, il en arrive à parler des métiers. - Plus tard, quand tu auras appris plein de choses, tu pourras faire un métier et gagner ainsi de l’argent pour t’acheter à manger ou des choses dont tu auras envies. Ça aussi, il me l’a expliqué plein de fois, mais hormis l’envie d’acheter des piles usées pour le Furby ou les autres jouets électroniques – mais il paraît hélas que cela n’existe pas -, je me fous pas mal de faire un métier et de gagner ma vie. L’argent est un concept qui ne m’intéresse absolument pas. Pendant ce temps, le vieux poursuit le fil de ses idées : - Plus tard, tu pourras par exemple être musicien, faire des concerts… La perspective me plaît et le confirme d’un « oui » empli de joie. - … Ou tu pourras soigner les gens qui ont des problèmes à leur corps en les massant comme maman. Ouais… ça, ça m’attire moins, mais me donne aussitôt une idée lumineuse : - Je pourrais faire le métier des frissons ! Ça existe, ça, le métier de celui qui fait des frissons ? - Non, pas vraiment, Chounet. - Mais moi, je veux faire ça comme métier ! - Je veux bien, mais je ne sais pas si des gens voudront payer pour recevoir des frissons. Ce serait drôle, tu aurais un cabinet comme maman et tu recevrais les gens pour leurs faire ders frissons. Tu imagines ? Je suis enthousiaste. - Oui ! - Tu inventerais un nouveau métier. Et comment on l’appellerait, ce métier ? - Le frissonnier ! - Et que penses-tu de « frissonneur » ? Je me marre. Adjugé.
Nous passons ensuite à table pour le goûter. Papa en profite pour poursuivre ses grandes explications.
Ce soir, promis, on se fera une grande séance de frissons.
NDLA : Gla gla gla…
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Par Bèrlebus :: mercredi 7 novembre 2007 à 18:54 :: Au jour, le jour
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Vos commentaires |
Quelle belle histoire, Lou, comme tu es drôle et charmant à la fois... Moi aussi j'adore les frissons et comme c'est plaisant un bon massage du cuir chevelu, surtout quand on remonte tout doucement, ouh la la, j'en frissonne...
Et tu sais quoi, moi je trouve que ce métier tout compte fait, il est pas si bête que ça, les enfants ils aiment ça et tu pourrais aider maman sans problème, le tout c'est de bien t'entraîner sur papa !!!
Sans rire, j'adore cette connivence entre le père et le fils, ça sent tellement bon l'Amour...
Bonne soirée
Bizzzzzzzzzzz |
Le mercredi 7 novembre 2007 à 21:22,
commentaire par
ANDREE
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C'est vrai que c'est chouette les frissons,et en ce quiconcerne l'eau froide sur tes cheveux c'est un moyen magnifique pour avoir de beaux cheveux.
fais de gros frissons à ton papa et à toi je fais un très gros bisous |
Le jeudi 8 novembre 2007 à 12:44,
commentaire par
monique
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superbe l'idée du frissonneur, et pourquoi pas un nouveau métier... On a bien de l'aroma-thérapie, pourquoi pas de la frisson-thérapie mêlée à de la musico-thérapie .... Alors Lou, continue à t'entraîner sur papa et je suis sûre que tu seras un superbe frissonneur. |
Le jeudi 8 novembre 2007 à 16:37,
commentaire par
cayenne
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frissonneur... ça rime avec bonheur,... rien que d'entendre jouer lou donne des frissons et c'est si bon... riche idée Luc ..comme toujours ! |
Le vendredi 9 novembre 2007 à 14:48,
commentaire par
laurence
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L'idée des frissons à Lou m'est venue d'un câlin que je lui ai fait dans le cou. Il a rentré sa tête entre ses épaules et s'est mis à sourire. Son plaisir était manifeste. Ce qui n'était pas prévu, c'est qu'il veuille me rendre la pareil.
Bien à toutes. 
Luc |
Le vendredi 9 novembre 2007 à 16:34,
commentaire par
Luc
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Mais où sont donc passé les hommes ?????
J'rigole .....
Bon week-end à tous et toutes
Bizzzzzzzz |
Le vendredi 9 novembre 2007 à 23:37,
commentaire par
ANDREE
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bojour monsieur c'est laura j'ai ressue votre petit mots merci beaucoup j'ai ete tres contente merci d'avance laura est bon courrage |
Le samedi 10 novembre 2007 à 13:25,
commentaire par
laura040394
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Quelle jolie complicité entre père te fils !
Que d’idées échangées entre parents et enfants au sujet de leur futur métier et cela depuis la nuit des temps.
Tu sais Lou tu peux faire d’une pierre, deux coups et nous faire frissonner avec ta musique. Et oui !
Gros bisous au musicien-frisonneur
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Le dimanche 11 novembre 2007 à 21:17,
commentaire par
Lili
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Merci, Laura
Belle association, Lili (et merci pour les traductions pour le site de la FONDATION) |
Le lundi 12 novembre 2007 à 13:32,
commentaire par
Luc
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