Me r'voilà de retour à la maison. Bon, j'passerai les détails de mon séjour à la mer, pask'à vrai dire, j'ai été un petit peu beaucoup grognon en l'absence de mes repères zabituels. Du coup, croyez-vous que j'ai sauté dans les bras de papa lorsqu'il est venu me chercher ? Que nenni… J'étais dans mon humeur morose et bougonne. Par contre, arrivé à la maison, j'ai absolument voulu que ce soit lui qui me donne le repas chaud ! …Mais non, qui ose dire que je suis imprévisible, hein ?
Trop content de retrouver mes petites habitudes, j'engloutis mon repas, mon goûter et les tartines pendant que papa cite les pays ou qu'j'écoute "Les trois petits cochons". Bien dans mon feeling despote, je commence à exagérer un petit peu : "Je veux les deux éléphants" … "De l'eau !" … "Retourne la cassette !". Puis surtout, je m'énerve à cause de l'enregistreur à cassette dont les piles sont plates. Alors papa se laisse pas faire : "Maintenant ça suffit, Lou ! Et un peu de politesse, mon garçon. T'es pas le chef, t'es encore un petit enfant et ce sont papa et maman les chefs de la maison !" Moi (sec) : "Non, t'es pas le chef !" Papa : "Si, c'est moi le chef !" Moi : "T'es pas le chef, papa ! T'es un bébé-cadum !" Papa : "O.K. Lou… On va bien voir qui est le chef… Si tu veux que je remplace les piles de ton enregistreur, tu me le demanderas poliment." Moi : "Non, pas poliment ! … Je veux plus l'enregistreur…" Papa : "Comme tu veux, mon fils." Moi : "Tais-toi, papa !" Lui : "Je me tais si je veux…" Moi : "Tais-toi, papa !" Papa : "Il faudra qu'un jour tu comprennes que les autres ne sont pas à tes ordres Lou. Chacun mène sa vie… On est pas des jouets." Moi : "Tais-toi, papa !" Papa : "O.K., je me tais, mais ça changera rien… j'attends ta demande polie."
Et papa se tait. Moi : "Papa ?" Silence – mais j'sais bien qu'il est à côté de moi. Moi : "Papa !" Je sens des doigts se glisser dans une de mes manches et me chatouiller à mort. J'parviens pas à garder mon sérieux, me mets à rire et me tordre pour échapper au supplice. Moi : "Non, pas de guili…" Un temps – silence – La main revient à la charge… Je me marre. "Stop ! stop !" Il s'arrête. Papa : "…comme je peux plus te parler, je te touche !"
Et le cochon recommence. Moi : "Stop ! pas de guili … s'il te plaît, papa" Papa : "…Et bien voilà, mon grand garçon, il suffisait de le demander gentiment !" Moi : "Papa, tu veux bien remplacer les piles de l'enregistreur, s'il te plaît." Ce qu'il fait sur le champs. Et v'là que j'reviens dans le positif, que j'agrémente chacune de mes phrases d'un "s'il te plaît".
Ben oui… chui comme ça : Jean qui rit, Jean qui pleure, petit prince et petit tyran.
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