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mardi 14 octobre 2003 |
60. Chronique du temps qui passe (2) |
 (parce que la vie au quotidien avec Lou, c'est cela aussi) Lundi. 18h30. Papa travaille dans son bureau. Ça va, Ils ont réussi à me faire avaler la pilule, les finauds. Parce que ça a été dur dur. Remontons le temps, si vous le voulez bien. Super journée à l'école, par conséquent, comme souvent, je suis très "contraire" une fois de retour à la maison (la fatigue, le stress de l'apprentissage -si, si!-). Je mange mon repas avec maman, pendant que Papa promène le chien en forêt. A son retour, il me retrouve occupé à me balancer dans le fauteuil en répétant inlassablement le même mot... A l'heure qu'il est, j'l'ai déjà oublié (et papa aussi d'ailleurs!). Il vient alors me retrouver pour jouer avec moi. Je suis speed et le repousse... histoire de mesurer ma force. "Papa doit tomber par terre!" (on s'est une fois bien marré comme cela). Mais ce cochon refuse cette fois! "Non mon Loulou, désolé mais j'ai pas envie aujourd'hui." Je me braque : "J'ai pas envie, j'ai pas envie, j'ai pas envie !", et recommence à me balancer au rythme de cette phrase. Puis je réclame de l'eau. Maman qui cuisine m'invite à la rejoindre pour boire là-bas. Décidément, il ont décidé de ne pas me faciliter la vie aujourd'hui. Je suis obligé d'y aller par mes propres moyens. Pas de "service livraison" à cette heure. Ils exagèrent à ce propos. Ils m'obligent de plus en plus souvent à venir chercher ce que je réclame, ou me rendre tout seul à l'endroit où je veux aller. Bon, O.K., j'ai cinq ans, mais chui différent moi ! Et puis, j'vais pas m'laisser enlever mes privilèges comme ça ! In fine, j'obtempère et je vais jusqu'au plan de travail de la cuisine, en exécutant sans problème le parcours du combattant : quitter le canapé; contourner la table basse du salon; éviter ma bascule qui se trouve à droite dans le living, puis atteindre l'angle de la table de la salle à manger; là, ne pas me cogner contre les chaises; rejoindre l'autre chaise où sont rangés les cartables à l'entrée de la cuisine (y z'auraient pu trouver une meilleure place pour ça!); et enfin, le virage à 90° gauche, vers la cuisine. Mission accomplie. Ils m'ont eu. Je suis récompensé par papa qui m'y rejoint et m'invite à m'asseoir à califourchon sur ses genoux pour jouer avec moi. Ce que je. Grand jeu de tomber lentement tête en arrière contre le carrelage jusqu'à ce que mon crâne touche le sol. Ouhhh que j'aime ça. Encore et encore... Ensuite, enchaînement avec des cumulets arrière en l'air, où papa ne me tient qu'avec mes bras. "J'ai peur" dis-je en riant. Et hop ! Moi (aux anges): "Oh là, là, qu'est-ce qu'il fait Loulou!" Vient alors l'heure du bain. "Loulou, il veut pas prendre le bain. Le bain, il pleure!". (Comme ça, ils sont tout de suite prévenus que j'ai assez donné pour aujourd'hui). Insistance. J'm'énerve. J'essaye un autre truc : "Dans les bras de maman". Mais maman, elle a mal aux épaules... papa aussi d'ailleurs. Ils trouvent momentanément la parade. Papa : "Monte vite, où je vais t'attraper et te faire des guilis !" Maman renchérit. J'ai pas le temps de réfléchir et me fait avoir, une fois encore. Mais dès la première volée d'escalier, je me ressaisis : "Non je ne veux pas monter prendre le bain !". Moralité : papa me dit calmement que je vais obéir et qu'il n'a pas envie de se fâcher. De toute façon, dit-il, je n'ai pas le choix. Je refuse. Niët, c'est niët ! Alors il saisit ma main et me force. Il me tire calmement mais fermement. Je n'ai vraiment pas d'autres choix... En plus, il se répète encore et encore : "Tu obéis, mon Loulou. Je ne te laisse pas le choix. Tu montes!" Au détour d'une phrase, il essaye de m'avoir par les sentiments en me félicitant. Le pervers ! Entre-temps, ma soeur Eva s'est excitée à l'annonce du jeu d'être attrapé. "Et moi, et moi... !" Elle décode pas la difficulté de la situation. Me voyant me faire tirer, elle voudrait qu'on fasse de même avec elle... Mais elle se fait remballer. Deux minutes plus tard, je suis à bon port. La marée monte dans la baignoire. Papa en profite pour causer avec ma soeur qui boude sur la toilette. Il essaye de lui faire comprendre que ce n'était pas vraiment le moment. "Mais Lou, il peut, lui..." Papa essaye de lui expliquer que ce n'était pas un jeu et qu'elle doit arrêter de croire que ses parents en font moins pour elle. Il lui rappelle tout ce qu'ils faisaient avec elle à mon âge. Et puis, ils s'occupent d'elle, dès qu'ils ont un peu de temps (ils lui consacrent parfois une journée rien qu'à elle); ils lisent avec elle le soir et lui font plein de câlins avant d'aller au lit. Bref, elle doit essayer de voir le positif, et non tout le temps comparer. Si j'vous dis tout ça, c'est parce que pendant tout le long dialogue de papa et Eva, moi, j'ai tout écouté pendant que maman m'aidait à me déshabiller. Même que de temps à autres, je ponctuais le discours par : "Papa, il parle avec Eva". Donc, j'ai tout entendu (j'aime bien le ton didactique de papa à ces moments là. J'préfère ça à la grosse voix). De là, à ce que je retienne quelque chose... On verra... Après toute cette longue discussion, papa décide de quitter la salle de bain pour aller travailler dans son bureau. Re-crise de ma part. Son bureau étant juste à côté, Il revient de suite et me rassure quand je lui dis : "Le bureau il pleure ! Je veux pas papa dans son bureau. Je veux le bureau dans le bain!" A mon tour de recevoir la leçon de papa. Il m'explique calmement qu'il a aussi sa vie, qu'il vient de beaucoup jouer avec moi, qu'il a le droit de faire des choses sans moi. Bref, que je dois pas avoir peur. Moralité ? Un fois encore, mes parents m'ont bien eu. Je barbotte comme un petit fou dans le bain, Eva est de nouveau positive... Et tout va bien. Au moment de me coucher, dans mon lit, je débriefe papa avec mon ton rassurant qui sied si bien à ces propos: "Tu vois que tu dois pas avoir peur. Et Eva, elle doit comprendre que papa et maman, ils travaillent dans le bureau". Je suis heureux et m'endors sur le champs. Ce n'est finalement, qu'une fin d'après-midi ordinaire.
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Par Bèrlebus :: mardi 14 octobre 2003 à 15:23 :: Au jour, le jour
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