|
Lettres à Lou |
|
Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
|
|
|
|
|
|
lundi 12 novembre 2007 |
58. La grande inconnue |
Mon petit bonhomme, Voilà plus de deux mois maintenant que j’ai fait le grand saut. Voilà des mois qu’il me tarde de t’écrire une nouvelle lettre pour un futur quelconque et hypothétique, mais comme toujours, le temps me manque cruellement.
Que te dire. Que le stress de mon métier - la réalisation d’un film- s’est substitué par un autre : celui de la grande inconnue ? Tu le sais et le sens, toi pour qui la moindre intonation d’une voix dévoile immédiatement l’état d’âme d’une personne inconnue, quand bien même tu n’en connaisses pas la cause. Quelle folie m’habite d’ainsi arrêter (provisoirement ?) mon métier sans aucun filet de protection, pour me consacrer plein temps et pour ainsi dire bénévolement aux causes qui sont les nôtres et dont tu es le coeur ?
Je travaille, mon bonhomme. Beaucoup. Autant que si je préparais un nouveau film. Je cherche et découvre plein d’informations sur ton handicap*, qui nous conforte en tous points sur nos stratégies adoptées intuitivement avec toi, mais aussi nous confirme dans cette différence qui t’accompagnera tout au long de ta vie. Je cherche et commence à trouver des personnes susceptibles de t’encadrer dans ton apprentissage de la vie. Que ce soit pour la musique ou d’autres apprentissages : le braille, l’hippothérapie. Mais il y aurait tant de choses à mettre en place autour de toi pour t’aider, à ta mesure, à embrasser ce monde si étranger à tes sens. Je dégage aussi plus de temps pour être à tes côtés, car ma juste place est sans nul doute là. Et puis, il y a tout ce dont tu n’as pas conscience** et qui me prend beaucoup de temps.
Si cette aventure est parfois stressante de par « la peur de l’inconnu » - cette phrase qui ponctue la fin du film « Lettre à Lou » et qui nous concerne tous - , elle m’apporte aussi beaucoup de satisfaction et de plaisir, et de cela, tu en as aussi conscience et le ressens, mon petit médium. Mes moments de présence à tes côtés sont plus denses, plus intenses. J’ai parfois le sentiment de m’être levé, de réaliser ce rêve de gosse qui ne m’a jamais quitté depuis mes cinq ans : faire quelque chose pour changer le monde. J’ai bien conscience que tout ce que j’entreprends est une goutte d’eau dans l’océan, mais ne dit-on pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières ?
Je t’aime mon petit bonhomme, mon petit ambassadeur d’une différence qui a le droit de citer dans une société de formatage et d’abrutissement pour un individualisme toujours plus grand.
Ta sincérité et ton affectuosité sont des cadeaux et une leçon pour nous tous.
Jusqu’à mon dernier souffle, je serai le premier ministre de ton petit royaume, ardent défenseur de ton droit à vivre décemment sur notre planète. (P. S. : Et pendant ce temps là, des politiciens s’entredéchirent pour scinder et individualiser un peu plus la vie d’un petit royaume nommé Belgique. Sans se soucier le moins du monde des conséquences que cela engendra pour l’ensemble de la population handicapée belge qui paye déjà un lourd tribu à la complexité institutionnelle de ce minuscule territoire subdivisé en 3 régions, 3 communautés linguistiques etc. )
* Je mettrai bientôt en ligne un texte que j’ai traduit de l’anglais et complété, qui fait une présentation relativement précise de ce qu’est le syndrome de Morsier.
** Je travaille actuellement pour la Fondation Lou sur un projet d’un séminaire ou « Etats généraux » sur le Soutien moral aux parents « autour » du diagnostic de handicap de leur enfant.
|
Par Luc Boland :: lundi 12 novembre 2007 à 19:04 :: Lettres à Lou
:: #74
:: rss
|
|
Vos commentaires |
C’est une fois de plus, une belle lettre, Luc. Pleine de sincérité quand à tes espoirs et tes doutes qui sont tout à fait légitimes devant cette grande inconnue qu’est cette aventure.
Je me réalise chaque fois un peu plus le combat qu’est le votre, parents d’enfants différents, pour leur donner une place dans cette société, tel quel est devenue.
Pas plus q’hier, lors de mes traductions, j’ai pensé exactement à ce, dont tu fais allusion dans le P.S. en bas de ta lettre…
|
Le lundi 12 novembre 2007 à 21:08,
commentaire par
Lili
:: email :: #
|
|
Quel magnifique message d'amour vers un petit bonhomme hors du commun. Cet amour, on le sens dans tout tes messages, est réciproque et familial. De par mon métier d'éducatrice, je ressens moi aussi tout ces cadeaux que les personnes nous offrent avec sincérité, avec eux, pas de faux conduits, ils aiment ou ils n'aiment pas mais ne savent pas faire semblant et ça c'est ce qui est merveilleux, qui nous permet une remise en question permanente. Nous sommes occupés à préparer notre 35ème anniversaire et avons prévu dans ce cadre, de réaliser un de nos colloques sur les relations des institutions avec les familles (pas encore de titre réel). Je te tiendrai au courant et peut-être l'info pourra t'elle être diffusée via le site de Lou afin de permettre à un maximum de familles qui le souhaiteraien d'y participer, la richesse serait qu'outre les professionnels (de différents horizons) et les parents de notre institution, il puisse aussi y avoir des familles qui ont d'autres réalité que la notre. |
Le mardi 13 novembre 2007 à 12:11,
commentaire par
Cayenne
:: email :: #
|
|
Lili, notre combat est rien en égard au quotidien de bien des parents d'enfants lourdement handicapés.
Cayenne, tiens-moi au courant ! |
Le mercredi 14 novembre 2007 à 09:00,
commentaire par
Luc
:: #
|
|
si j'ai une tendresse particulière pour ce blog, c'est avec émotion que j'aime lire ces lettres, tes lettres, Luc, sont si riches, si belles, si tendres et si vraies que c'est toujours un plaisir de les retrouver. |
Le mardi 20 novembre 2007 à 12:23,
commentaire par
laurence
:: #
|
|
Que dire de plus que ce qui a été dit précédemment. C'est merveilleux, plein de sincérité, d'amour, d'espoir, d'énergie...
Ce petit bonhomme, sans même le savoir, a transformé beaucoup de vies et continue à le faire. Grâce à lui, vous et d'autres ont la force d'ajouter cette petite goutte d'eau qui fera, sans aucun doute, sinon un grand océan, une grande rivière !
Bonne chance et merci pour cet exemple, ce courage et tout l'amour que vous dégager tous.
Un gros câlin à Lou. |
Le mardi 25 décembre 2007 à 22:20,
commentaire par
Chantal
:: email :: #
|
|
Merci Chantal ! C'est vrai que ce bonhomme est un solide adjuvant ! La solution à la crise de l'énergie ?  |
Le samedi 19 janvier 2008 à 12:08,
commentaire par
Luc
:: #
|
|
Ajouter un commentaire |
|
|
|
|