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Lettres à Lou |
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Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
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mardi 26 septembre 2006 |
53. A tord ou a raison ? |
(Article ne miroir du journal de Lou : 525. Parcours d’artistes.)
Le chantage. Le mot est lâché.
Nous nous sommes toujours interdit d’utiliser cette méthode éducative qui, pour nous, est synonyme d’échec et d’arbitraire. Le chantage veut dire que l’on est à cours d’argument, que nous n’aurions pas réussi à trouver des mots pour expliquer et convaincre. « Si tu fais ça, tu auras ça ! » Piteux, lamentable, et plus proche d’une méthode de dressage pour chien que de l’éducation. Peut-on conditionner l’humain comme le chien de Pavlov ?
Et pourtant… Face à certaines situations et de nombreuses obsessions qui occupent beaucoup ton esprit, et après avoir tout tenté pour te raisonner, nous n’avons trouvé que cette clé ultime pour doser et quantifier tes attentes et souhaits. Actuellement, s’il ne tenait qu’à toi, tu écouterais les disques de « Muse » en boucle ou tu parlerais en permanence en imitant Jordi.
Et pourquoi ne pas te laisser faire ? En regard à « Muse », ce serait faire fi d’un rapport social et communautaire où il convient de partager, en ce compris les envies et goûts musicaux de chacun. Quant à tes imitations de Jordi, il en va de la santé de tes cordes vocales qui, depuis deux mois de sollicitations intenses, ont un timbre éraillé, usé.
Oui, je l’avoue, la condition est entré dans notre arsenal éducatif. Jamais nous n’avions pratiqué cela avec tes sœurs. Un glissement insidieux qui est né aussi de ton éternelle impatience, de ta difficulté de mesurer le temps qui passe et les échéances. Un moyen enfin de te pousser à l’effort, au contrôle, car ta relation aux autres s’inscrit trop souvent en sens unique, en imposition de tes désirs.
Oui, nous te demandons de « faire le grand garçon » pour pouvoir, par exemple, écouter « Muse ». Echec ? Faiblesse ? Erreur ? Peut-être. Je n’ai pas de réponse.
Enfin, il est curieux de constater que tu nous a aussi amené vers cette voie : « Dis, maman, papa, si je fait « ça », est ce que je pourrais alors faire « ceci » ? »
La seule réflexion qui me vient à l’esprit est celle qu’avant tout, nous sommes et restons, ta maman et moi, humains. …Et bien seuls face à toi. (NDLA : un des nombreux objectifs de la Fondation Lou sera le financement d’un travail de recherche fondamentale avec Lou et si possible d’autres enfants comme lui, sur les effets de l’absence de septum dans le développement psychique.) |
Par Luc Boland,
à 09:53 :: Lettres à Lou
:: #69
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