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Lettres à Lou |
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Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
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jeudi 11 décembre 2003 |
3. Paradoxes |
Paradoxe... Alors que souvent je me bats avec toi pour que tu t'intègres dans ce monde -cela me semble une nécessité vitale pour toi-, je me surprends à aimer de plus en plus ta planète. Tu es un petit prince jovial, malicieux, et plein d'humour. Ton univers se réduit au simple bonheur d'exister, au jour le jour, car apparemment, tu n'as pas encore conscience de la notion complexe du temps qui passe. De la raison de l'entraînement de ta mémoire auquel nous te soumettons pour un oui ou pour un non. De la raison de nos explications permanentes par lesquelles nous tentons de t'ouvrir l'esprit. Tu ne comprends pas pourquoi la vie est faite de contraintes, de violences, de souffrances. Je t'avoue bien franchement, que moi non plus. De moins en moins.
...Quand je parlais de paradoxe.
Aujourd'hui plus qu'hier, je me surprend à vivre à ton rythme, à ta manière. Ces écrits en sont le témoignage. Travailler pour vivre est nécessaire. Mais créer pour gagner ma vie m'apparaît de plus en plus comme une absurdité.
Par contre faire gagner ma vie en intensité, en laissant le temps faire son travail, me semble de plus en plus évident (Financièrement, on verra bien ce qui adviendra.).
Créer pour révéler les émotions qui sont en moi et rêver le partage. Et que le partage finisse, en prolongement, à me permettre de gagner ma vie.
A ton niveau, tu ne procèdes pas autrement, même si tes chemins sont tortueux et difficiles. Tu prends ton temps. Rien ne presse. Tu visites la vie comme d'autres parcourent un épais catalogue : en feuilletant distraitement le volumineux bottin - il y a trop à voir - , ou en t'arrêtant à une page correspondant à la mode-de-chez-toi, au goût du jour.
Tu t'essayes, t'aventures, t'obstines parfois... Il n'y a pas de doute : tu es bien mon fils ! Comme ces colères qui rappellent les miennes quand je me sentais agressé, blessé ou plus simplement incompris. Non pas qu'il ne m'arrive plus de souffrir, mais j'ai appris qu'une des seules issues possibles à la souffrance étais le partage, le dialogue et finalement le pardon. Tel est le prix du bonheur.
Multiples paradoxes. En luttant contre ta nonchalance ou ton obstination, je me bats contre moi-même. En me mettant à ta place, je replonge au fin fond de moi. |
Par Luc Boland,
à 15:53 :: Lettres à Lou
:: #18
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